CARNET DE BORD

LA TRAVERSÉE

De Prune, MSF
« Cela fait plusieurs jours déjà que nous sommes des centaines, rassemblé·es à Barcelone, à organiser notre départ vers Gaza. Aujourd'hui, d'un coup, toute fatigue s'est dissipée. La résistance du peuple palestinien nous revigore.
Ce matin, nous nous retrouvons au port, où les participant·es des derniers bateaux ayant tenté de briser le blocus donnent une conférence de presse. Il y a déjà du monde ; des milliers de personnes convergent et scandent la libération de la Palestine dans une myriade de langues.
Vers 14 h, l'action s'intensifie ; nous recevons nos assignations sur les embarcations. Les membres de la délégation française se dispersent dans les différents bateaux, voiliers, navires à moteur, embarcations de toutes dimensions. Tous unis par un même objectif : ouvrir un corridor humanitaire et rendre visible le soutien international à la lutte du peuple palestinien.
Vers 16h, des dizaines de bateaux prennent la mer sous les cris de « Free Free Palestine », « Nous sommes tous des enfants de Gaza », « Stop Génocide ».
Conscients des risques, la traversée sera longue et difficile, mais nous sommes prêts. »
D’Adrien, Webmaster (Audio)
« La journée a commencé à neuf heures avec différentes prises de parole, suivies d'une conférence de presse entre onze heures et midi.
Convoqués vers 13h, nous avons embarqué à 15h. Le spectacle était grandiose : danseurs, chanteurs et bateaux en origami flottant autour de nous. Environ 10 000 personnes étaient présentes, c’est fou.
Sur le bateau, face à cette foule venue nous soutenir, l'émotion m'a submergé. Tous ces gens qui s'étaient déplacés pour la cause palestinienne, c'était incroyable.
Nous avons finalement quitté le port vers 16h ».

De Yanick, chirurgien
Journée consacrée à régler les multiples problèmes techniques avant de repartir, mais aussi à répartir harmonieusement les médecins et infirmiers sur les différents bateaux. Je change à nouveau de navire pour le « Jeannot 3 », beau bateau de 11,50 m qui n'avait aucun nid/ou nif.
Le départ est imminent. Les nouvelles qui arrivent d'Israël ne sont pas particulièrement rassurantes : serons-nous considérés et jugés comme terroristes ? Moisirons-nous en prison ? Mon unique spray anti-punaises va-t-il suffire ? D'autres nouvelles sont plus encourageantes, notamment la décision des dockers italiens de bloquer le port de Gênes si les bateaux de la flottille voient leurs communications interrompues.

Le mal de mer s'est emparé des membres de la flottille qui relatent tous une nuit particulièrement éprouvante, rythmée par des vomissements, des crampes et des vertiges. Cette épreuve a résonné comme une piqûre de rappel, bien qu'à une échelle infinitésimale, de la souffrance quotidienne que traverse le peuple palestinien sous les bombardements incessants. Alors que la famine ravage Gaza et que le génocide en cours décime des familles entières, leur inconfort passager prend une dimension dérisoire.
Malgré l'épuisement physique, passagers et équipages gardaient présente à l'esprit la raison d'être de cette mission humanitaire. Les obstacles ne cessent de s'accumuler : conditions météorologiques adverses, matériel défaillant, fatigue générale. Pourtant, ces difficultés ont produit un effet paradoxal. Face à ces épreuves successives, une cohésion s'est développée, renforçant leur détermination. Loin de décourager les participants, l'adversité a consolidé leur engagement.
Tous les témoignages écrits, audio et vidéo vont dans ce sens.
De Brahim, GMTG (audio)
2ème départ de Barcelone – 5h du matin. La route sera pavée d'épreuves. Premier jour de mise à l'eau. Nous sommes déjà pris dans une tempête vraiment agressive. Ce sera notre lot, en fait. De jour en jour, nous allons être confrontés à d'autres défis, mais qui ne sont rien comparés à la situation de Gaza.
Des difficultés tous les jours, sachant que nous atteindrons notre objectif.
Donc, là, nous nous écartons de la route pour récupérer les amis en difficulté. Tenir notre objectif, rester Sumud. Je rappelle à tous mes amis, à tous mes camarades que nous rencontrerons des obstacles. C'est là qu'il faut montrer notre force, notre détermination par rapport à cet événement énorme.
De Yanick, médecin
En mer, aux larges de l’Espagne. Quelques malades à bord, ça roule pas mal en effet ! Mauvaise idée de vomir dans un des deux éviers qui se bouche. Tentative de débouchage à l'acétone, ça n'a pas l'air de marcher, et maintenant ça pue, l'acétone partout ! La croisière s'amuse.
En vue des Baléares ! On passera au milieu ! Mais si la police à Barcelone a été particulièrement tolérante, cela risque de ne pas être le cas aux Baléares (extrême droite ?).
Notre Starlink n'était pas fonctionnel et j'ai loupé l'interview avec la journaliste canadienne.
Parmi notre équipage, un avocat d’une ONG s’est trouvé pénalisé pendant cette panne, ne pouvant suivre ses dossiers en ligne !
Deux bateaux ont dû faire demi-tour en raison de problèmes techniques.

En mer pour Gaza
De Malika
Jour ? Je ne sais plus – Quelque part entre le large et la conscience
Je ne dors plus beaucoup. Non pas à cause du tangage du bateau ou du bruit des moteurs, mais parce que mon esprit est en ébullition. Je suis à bord de cette flottille pour briser le blocus de Gaza, et, à vrai dire, je suis venu avec un mélange de colère, de tristesse, et une sorte de besoin vital de faire quelque chose. Peut-être même pour me sauver moi-même d'un sentiment d'impuissance qui me rongeait depuis des mois.
Trop d'images insoutenables, trop de silences aussi. Trop de normalité dans l'indifférence générale. J'avais besoin de me lever, de prendre le large, au sens propre. Pas pour fuir, mais pour aller au-devant. Pour aller vers Gaza.
Et puis, il y a eu l'embarquement. Ce moment suspendu où des inconnus deviennent peu à peu des compagnons de route, de lutte, presque une famille improvisée. Je ne connaissais personne à bord il y a encore quelques jours. Aujourd'hui, j'ai l'impression de les connaître depuis toujours. Nous venons d'Italie, de France, de Pologne, de Malaisie, d'Allemagne… une mosaïque d'origines, d'histoires et d'accents, unie par un seul cap : la justice.
Ce bateau, c'est devenu un monde à part. Un monde où la solidarité n'est pas un concept, mais une réalité palpable. On partage le peu que l'on a. On s'écoute. On se respecte. On se parle, on rit souvent, malgré l'inquiétude au fond du ventre. Et dans ce petit espace flottant, Gaza est là, déjà, avec nous. Gaza nous parle. Gaza nous rassemble.
Avant de partir, on m'a demandé : « Mais qu'est-ce que tu espères vraiment changer avec ça ? » Je n'ai pas répondu. Parce que ce n'est pas seulement une question d'impact visible. C'est une question de dignité. Aller vers Gaza, c'est dire que nous ne nous résignons pas. C'est porter un message, c'est briser le silence autant que le blocus. C'est poser un acte humain face à une injustice inhumaine.
Ce qui est fou, c'est que cette traversée, je croyais l'avoir entreprise pour donner quelque chose à Gaza. Mais c'est Gaza qui, depuis le début, nous donne tant. Une leçon de courage, de résistance, d'humanité. Ce peuple assiégé nous enseigne ce que c'est que de tenir debout. Ce que c'est que de rester digne.
Gaza nous a réunis. Gaza nous a transformés. Gaza est à la fois notre destination… et notre boussole.
Je ne sais pas ce qui nous attend à l'arrivée. Mais je sais une chose : je ne suis plus seul. Nous sommes là. Ensemble. Et nous continuerons.
De Yanick, médecin
N, coordo, crâne à demi rasé, des tatouages partout, toujours à rire : un trésor !
E, jeune Chilienne, nous quitte à Minorque, problèmes familiaux… et surtout seasick !
Une habitante de Minorque nous rejoint à la nage à notre mouillage, juste pour nous encourager…
Le bord s'organise, Starlink est branché, départ a priori demain…
Notre caméra à bord s'allume très fort par intermittence. Test ? Défaut ? En pleine nuit, ça risque d'être gênant.
La réunion d’aujourd’hui avec les organisateurs a insisté sur la nécessité absolue de rester groupés en flottille, et c'est vrai que le fait de naviguer rapprochés est très fort pour le moral et, bien entendu, pour la sécurité.

De Yanick, médecin
Escale d’un peu plus de 24 heures à Minorque. Nous sommes très exposés à des actions malveillantes, car dispersés dans plusieurs endroits touristiques et également à des témoignages malveillants nous présentant comme des « sub-touristes » profitant de la beauté du coin, baignades. Il nous faut être discrets.
Au moment du départ, plus de batterie ! Pannes en série. J’admire Paco notre skipper, qui reste en toute situation calme. Changement de batterie à la dernière minute et la flottille se regroupe enfin devant Minorque. 17 bateaux, le bonheur. Nous serons rejoints par ceux partis en retard de Barcelone, et ceux de Majorque.
Le petit-fils de Mandela nous rejoindra à Tunis. Il était déjà parmi nous en Égypte et bien sûr Jef, frère de lutte, pose avec lui…
Somptueux coucher de soleil sur la flottille qui reste soudée maintenant, sentiment de sécurité, même s’il va falloir veiller de nuit.
De Malika
Ce soir, en observant les vagues depuis Tunis, nous restons solidaires avec nos camarades en mer. Nous savons que nous reprendrons la mer sous peu. D’ici là, notre esprit reste avec eux, à naviguer, à résister, à avancer pour ce qui est juste.
Demain, nous serons prêts à repartir. Il le faut.

En mer
De Yanick, chirurgien
Préoccupation grandissante concernant une rencontre avec des réfugiés. Au fur et à mesure que l'on se rapproche des côtes algériennes et tunisiennes, un protocole précis s'applique avec la mobilisation d'un des plus beaux bateaux à moteur pour porter assistance.
Très beau temps, mais mer un peu formée. La préparation des repas devient acrobatique et les volontaires se font rares.
Première expérience/répétition des réflexes à acquérir avant et au moment de l'interception, moment que tout le monde attend avec appréhension...
J'ai vu passer une proposition de Thomas Guénolé invitant de nombreux bateaux à nous rejoindre jusqu'à une ligne rouge qu'ils ne franchiraient pas. Mais qui va empêcher les bateaux de continuer ? On voudrait saboter le projet qu'on ne s'y prendrait pas mieux...
Des bateaux d'inconnus non formés, sans vérification préalable, nous rejoindraient en masse puis s'arrêteraient au niveau d'une ligne rouge ! Et s'ils continuent ? On les coule ? Complètement biscornu...

Yannick s'est blessé à la main droite (hélas, il n'est pas gaucher) en se coupant au bord tranchant d'une boîte de conserve.
Qu'à cela ne tienne : il nous livre deux vidéos avec la même verve que ses écrits.
Les contretemps n'entament en rien sa détermination à atteindre son objectif, le carnet de bord se poursuit dans cet état d'esprit.
Brahim a envoyé lui aussi une vidéo que nous retranscrivons ici.
En mer, vers la Tunisie
De Yanick (vidéo 1)
C’est un véritable défi de faire une vidéo, car nous sommes sous moteur, avec une mer formée, le vent en plein dans le pif, ça bouge dans tous les sens et le moteur couvre nos voix. Petite présentation de l’équipage :
R., un véritable modèle de calme et d’efficacité.
M., passagère, équipière, fait partie de l’équipage pour faire tourner le bateau : efficace, sérieuse.
B., également membre de l’équipage, avocat à ses heures perdues et responsable de la communication : un modèle de discrétion, mais aussi de sympathie.
J’oublie quelqu’un… Oui, A., qui éclate de rire à chaque phrase : un véritable trésor, une source de joie et de gaieté, ça soude le groupe, c’est précieux.
Et puis G., avocat, président d’une ONG. Il a été de tous les combats dans son pays, mais aussi à l’extérieur. C’est quelqu’un d’absolument passionnant dans ses récits, c’est un être vraiment très très respectable et magnifique.
Voilà, je vous ai présenté tout le monde. Malgré l’inconfort, le mal de mer et la difficulté de se reposer ou même d’essayer de dormir dans ces conditions, notre objectif suprême nous transcende. Tout le monde est focalisé sur Gaza et reste soudé. Et comme disait Malika, en très peu de jours, d’étrangers nous sommes devenus des amis solidaires, unis autour de notre opération humanitaire à Gaza. Merci.
De Yanick (vidéo 2)
Les conditions de mer sont assez difficiles. De plus, je me suis coupé un doigt avec une boîte de conserve au bord tranchant. J'espère que cela ne va pas trop compliquer la suite, je referai le pansement à Tunis auprès d'une infirmière ou d’un collègue médecin, et je verrai ce qu'il en est. Ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle.
Nous ne savons toujours pas exactement combien de bateaux nous aurons. Je crois que nous ne le saurons qu’au dernier regroupement, juste avant de nous diriger vers Gaza. À ce moment-là, nous pourrons être fiers de notre armada, prête à briser ce blocus et accomplir la mission pour laquelle nous sommes venus.
De Brahim (vidéo)
Nous naviguons vers Tunis et espérons arriver demain dans l'après-midi. L'eau est un peu agitée, ce n'est pas la tempête de l'autre soir, mais elle reste un peu houleuse. Nous sommes entourés de petits navires en partance de Barcelone ; ils naviguent un peu loin à l'horizon. Il y en a des gros, des moyens et des petits. En arrivant à Tunis, nous passerons probablement quelques heures pour nous ravitailler et effectuer quelques mises au point mécaniques principalement. Puis nous repartirons avec les bateaux qui y stationnent pour rejoindre d’autres bateaux dans un autre port de la Méditerranée. Après cela, ma foi, ce sera la ligne droite jusqu'à Gaza, inch’Allah.
À ce propos, je voulais partager avec vous une discussion que j'ai eue avec le doyen de la flottille - il a plus de soixante-dix ans. C'est un Palestinien né en Palestine qui a émigré en Pologne. Aujourd'hui, il est très actif sur le plan médiatique. Il est également journaliste à Al Jazeera. Lors de nos différentes discussions, il m'a dit qu'à son sens, nous écrivons l'histoire et que nous atteindrons nos objectifs.

En mer
De Yanick (vidéo)
La nuit a été un peu plus calme que la précédente, la mer était moins formée, les gens ne sont plus malades et nous avons enfin pu passer une nuit paisible. La flottille est en cours de regroupement : nous sommes en vue de Tunis et, dans quelques heures, vers 8 h, nous serons à Sidi Bou Saïd pour accoster en Tunisie. C’est vraiment enthousiasmant de voir tous les bateaux réunis.
Il y a des personnes de toutes les nationalités à bord, comme je vous l’ai déjà dit, ce qui rend l’expérience encore plus forte. Tout le monde est concentré sur notre action à venir à Gaza pour rompre le blocus. Déjà à Barcelone, lors de notre formation dans les locaux du comité des travailleurs, qui avaient accueilli les réunions des brigades internationales pendant la guerre civile espagnole, cela avait déjà été un signe en notre faveur, un signe porteur. Merci.

Tunis
De Malika
Arrivés à Tunis, libres avec le peuple.
Nous avons jeté l’ancre à Tunis. Nous commes au cœur d’un pays petit par la taille mais immense par le cœur. Ici, nous découvrons plus qu’une terre d’accueil : un peuple frère.
Depuis que nous sommes arrivés, chaque signe que nous portons : un badge, un t-shirt, un keffieh, est reconnu. Dans les cafés, les ruelles, on nous regarde en nous disant : « Free Palestine ». Les sourires sont sincères, les mots pleins d’émotion, les mains se tendent. Nous ne sommes pas étrangers ici, nous sommes accueillis comme des membres d’une lutte commune.
Des drapeaux palestiniens recouvrent les vitrines et les murs de certains magasins. Dans les conversations, le nom de Gaza et de la flottille reviennent comme une évidence. Le peuple tunisien ne se contente pas de compatir : il soutient, il partage, il agit et se souvient. C’est ici que le vent du printemps arabe s’est levé. Et c’est ce même vent, aujourd’hui, qui porte les voix et les espoirs de ceux qui veulent briser le blocus.
Hier, lorsque les bateaux partis d’Espagne sont arrivés, la foule tunisienne les a accueillis avec une ferveur rare. C’était plus qu’un moment symbolique : c’était une promesse de solidarité avec Gaz. On a senti que ce combat n’était pas seulement le nôtre, il est porté par des milliers de personnes ici dans cette ville fière et libre.
Tunis est aujourd’hui notre port d’attente. Un entre-deux, une escale imprévue. Mais quelle escale ! Nous marchons dans les rues de cette ville qui parle notre langue : celle de la liberté, de la dignité, de la justice. Contrairement à ce que nous avons vécu au Caire, lors de la Global March to Gaza, où nous avons été confrontés à la répression et à la peur. Ici, nous respirons. Nous pouvons parler, chanter, brandir nos slogans et nos keffieh. Ici, personne ne nous fait taire.
Nous attendons de reprendre la mer. Impatients, déterminés. Mais avant cela, nous emportons avec nous la chaleur d’un peuple, le courage d’une révolution, et le souvenir d’une ville qui, sans le savoir, nous a réconfortés. Tunis nous a rappelé pourquoi nous faisons tout cela.
Pour Gaza. Pour la liberté. Pour que la mer soit un pont, pas un mur.

De Yanick (vidéo)
Une réflexion que je ne veux pas laisser échapper : la dernière réunion du mouvement Global qui s'est tenue dans une immense salle d'un grand hôtel de Tunis.
Réunion capitale puisqu'elle finalisait la stratégie, les bateaux, les équipages et les horaires de départ pour le lendemain. Dans cette immense salle où siégeaient les responsables qui nous encadrent sur le plan international, se rencontraient et échangeaient des participants d'Afrique du Sud, d'Afrique du Nord, du Brésil, de Malaisie, d'Indonésie, d'Espagne et de bien d’autres pays.
Cette participation internationale est quelque chose de très rare, quelque chose que je n'ai jamais vécu. Je n'étais pas né au moment de la guerre civile espagnole. Cet engouement pour une cause supérieure est extrêmement rare. Il réunit 45 pays dans cette gigantesque flottille qui sera suivie par d'autres dans quelques jours. C'est quelque chose d'unique, d'enthousiasmant.
C'est vraiment un mouvement qui prend de l'ampleur et qui représente l'espoir d'une humanité meilleure. Tous les messages que je reçois d'amis, de journalistes et de gens de la presse vont dans ce sens.
Un mouvement qui se bat et qui est suivi par des milliers, des dizaines de milliers de personnes à terre ; cela représente quelque chose de très fort.